- Bande dessinée, de Chloé Cruchaudet, 2013, Française
- Pourquoi ça crame les oiseaux?
Guerre, prostitution et violence conjugale,
dans un univers en noir et blanc avec une touche de rouge…
- L´histoire
Paul est un jeune
amoureux qui part faire la guerre dans les tranchées sans se rendre compte de ce
qui l’attend. Volontairement blessé pour fuir la bataille, il se retrouve caché
par sa femme dans un appartement. Un jour, elle a une idée pour lui permettre
de sortir et de travailler : le déguiser en femme. Mais au fil du temps,
Paul aura envie de profiter de plus en plus de sa liberté, quitte à jouer de sa
nouvelle identité.
- Ce n'est que mon avis
J’étais très enthousiaste à l’idée de lire
Mauvais Genre, vu le style vraiment esthétique et sombre des dessins et le
thème jouant avec les questions de genre (J’aime beaucoup les histoires de
travestissement voire de transsexualité, par exemple Hedwig and the angry inch
et Laurence Anyways font partie de mes films préférés). J’ai donc commencé la BD
avec une attente d’histoire d’amour libertine trav/bi friendly, qui choquerait
la ménagère de l’époque mais ferait sourire gentiment les lecteurs modernes que
nous sommes.
Que nenni mon enfant ! Même si il y a
effectivement une histoire d’amour, ainsi que, oui, du libertinage, d’abord l’un
et l’autre ne font pas spécialement bon ménage, mais surtout plus que son
travestissement c’est le traumatisme de la guerre qui aura une véritable
influence sur le comportement de Paul. La violence et la peur liés au souvenir
de la guerre, et le côté « carpe diem » de celui qui a vu la mort de
près, rendent le personnage peu sympathique puisqu’on sent bien qu’il n’a, et c’est
bien compréhensible, plus de respect pour grand-chose. Et cela va en empirant
au fur et à mesure du livre.
Qu’en penser, donc ? Je ne vais pas me
plaindre du manque de bons sentiments sur un blog qui doit cramer les oiseaux,
soit. Mais il faut plus de temps pour apprécier un récit quand on ne ressent
pas spécialement de sympathie pour les personnages. Puis on prend du recul :
l’histoire est intéressante, originale, et réaliste (puisque d’ailleurs tirée
de faits réels…). Les caractères des personnages sont francs et paraissent bien
retranscrire l’époque, et finalement de thème du traumatisme de la guerre est
bien traité dans les mises en scènes et les dessins. C’est donc un album
intéressant et plus cru qu’il n’y parait, avec une histoire forte et des
rebondissements inattendus. Une lecture qui vaut le coup.