lundi 5 décembre 2016

Mauvais Genre

  • Bande dessinée, de Chloé Cruchaudet, 2013, Française



  • Pourquoi ça crame les oiseaux?

Guerre, prostitution et violence conjugale, dans un univers en noir et blanc avec une touche de rouge…

  • L´histoire

Paul est un jeune amoureux qui part faire la guerre dans les tranchées sans se rendre compte de ce qui l’attend. Volontairement blessé pour fuir la bataille, il se retrouve caché par sa femme dans un appartement. Un jour, elle a une idée pour lui permettre de sortir et de travailler : le déguiser en femme. Mais au fil du temps, Paul aura envie de profiter de plus en plus de sa liberté, quitte à jouer de sa nouvelle identité.

  • Ce n'est que mon avis

J’étais très enthousiaste à l’idée de lire Mauvais Genre, vu le style vraiment esthétique et sombre des dessins et le thème jouant avec les questions de genre (J’aime beaucoup les histoires de travestissement voire de transsexualité, par exemple Hedwig and the angry inch et Laurence Anyways font partie de mes films préférés). J’ai donc commencé la BD avec une attente d’histoire d’amour libertine trav/bi friendly, qui choquerait la ménagère de l’époque mais ferait sourire gentiment les lecteurs modernes que nous sommes.

Que nenni mon enfant ! Même si il y a effectivement une histoire d’amour, ainsi que, oui, du libertinage, d’abord l’un et l’autre ne font pas spécialement bon ménage, mais surtout plus que son travestissement c’est le traumatisme de la guerre qui aura une véritable influence sur le comportement de Paul. La violence et la peur liés au souvenir de la guerre, et le côté « carpe diem » de celui qui a vu la mort de près, rendent le personnage peu sympathique puisqu’on sent bien qu’il n’a, et c’est bien compréhensible, plus de respect pour grand-chose. Et cela va en empirant au fur et à mesure du livre.



Qu’en penser, donc ? Je ne vais pas me plaindre du manque de bons sentiments sur un blog qui doit cramer les oiseaux, soit. Mais il faut plus de temps pour apprécier un récit quand on ne ressent pas spécialement de sympathie pour les personnages. Puis on prend du recul : l’histoire est intéressante, originale, et réaliste (puisque d’ailleurs tirée de faits réels…). Les caractères des personnages sont francs et paraissent bien retranscrire l’époque, et finalement de thème du traumatisme de la guerre est bien traité dans les mises en scènes et les dessins. C’est donc un album intéressant et plus cru qu’il n’y parait, avec une histoire forte et des rebondissements inattendus. Une lecture qui vaut le coup.