mercredi 16 novembre 2016

Black Mirror

  • Série, de Charlie Brooker, Britannique, créée en 2011


  • Pourquoi ça crame les oiseaux?

Série TV qui à chaque épisode invente de nouvelles histoires nées du rapport, dans un futur plus ou moins lointain, entre l’homme et la technologie : télévision, technologie portable, réseaux sociaux et internet.
Histoires qui finissent rarement bien… C’est un euphémisme ! Vision critique de la société actuelle et de son rapport avec les médias, satyre, situations absurdes et parfois choquantes ou perturbantes.

  • Ce dont il s’agit

Chaque épisode de Black Mirror est construit de manière totalement indépendante : scénario unique, nouveaux personnages, nouveaux acteurs. Même les époques ne sont jamais les mêmes : de très proches de nous à très lointaines dans le futur, dans une société qui ressemble à la nôtre ou qui s’est totalement transformée. Cependant elles ont toutes en commun de raconter les mésaventures d’un personnage en particulier, qui verra le cours de sa vie transformé par le biais des NTIC. Difficile de donner des exemples sans spoiler. Mais on retrouve notamment des puces qui, placées derrière l’oreille, servent de mémoire virtuelles et enregistrent tout ce qui est vu ou entendu, au cas où on voudrait se le repasser plus tard. Des victimes de hackeurs ou de youtubeurs malveillants. De la téléréalité à très grande échelle. Ou encore des jeux vidéo dans une réalité virtuelle terriblement réaliste… (vidéo en VF mais je n’ai pas trouvé la VOSTFR). (Sérieux rien qu’en regardant cette bande annonce pour la mettre sur le blog j’ai envie de tout revoir…)


  • Ce n'est que mon avis

J’ai découvert la série en regardant par hasard ce qu’il y avait sur Netflix. Choc et étonnement ! Aucune série ne ressemble à Black Mirror, pour plusieurs raisons. Bien sûr par sa forme originale, sans histoire suivie. Mais surtout par son ton : les scènes et thèmes abordés sont très osés, on sent que le réalisateur ne s’est pas imposé les limites de la série « grand public ». Les sujets sont pertinents : ils semblent toujours être le résultat d’analyses de notre société et de ses travers, et au-delà de la technologie c’est la faiblesse de l’homme qui est pointée du doigt.


La réalisation est maîtrisée et rythmée, on ne s’ennuie pas une seconde, et après chaque épisode on a envie de voir le suivant (si on a la force bien sûr !), parce qu’on sait qu’on aura toujours beaucoup d’esprit, des surprises, et cette satisfaction de sentir le pied de nez fait au spectateur qui ne sait pas à quoi s’attendre. Ce sont de vrais petits films, et je dirais de petits films d’auteur, dans lesquels l’histoire personnelle des personnages et leurs sentiments sont aussi importants et traités avec autant de soin (bravo aux acteurs !) que la critique de la société actuelle. On s’identifie très bien, les situations sont tout à fait réalistes et l’effet n’en est que plus puissant. Best série ever ? Peut-être…


lundi 7 novembre 2016

Otto Dix – Le Retable d’Issenheim

  • Exposition, Peinture et dessin, d’Otto Dix et autres artistes, du 8 octobre 2016 au 30 janvier 2017 à Colmar


  • Pourquoi ça crame les oiseaux?

Ce peintre allemand ((2 décembre 1891 – 25 juillet 1969) est surtout connu pour ses dessins et peintures torturés sur son vécu de la 1ère guerre mondiale. Il est également réputé pour ses portraits sarcastiques et peu flatteurs dans le cadre du mouvement de la nouvelle objectivité. (Son tableau le plus connu en France étant son Portrait de la journaliste Sylvia von Harden, ci-dessous, peint en 1921 et racheté par le centre Pompidou en 1961).





Il dit sur la guerre : "C'est que la guerre est quelque chose de bestial : la faim, les poux, la boue, tous ces bruits déments. C'est que c'est tout autre chose. Tenez, avant mes premiers tableaux, j'ai eu l'impression que tout un aspect de la réalité n'avait pas encore été peint : l'aspect hideux. La guerre, c'était une chose horrible, et pourtant sublime. Il me fallait y être à tous prix. Il faut avoir vu l'homme dans cet état déchaîné pour le connaître un peu."

  • Ce dont il s’agit

Le musée Unterlinden de Colmar consacre une grande exposition à cet artiste allemand, en prenant pour fil conducteur ses thèmes, techniques et inspirations en lien avec un grand triptyque peint de 1512 à 1516 par le peintre Matthias Grünewald : Le retable d’Issenheim.

Pourquoi cette exposition ?
-          Otto Dix est assez peu représenté dans des expositions en France
-          Il a été prisonnier à Colmar, et a peint pendant cette période des œuvres différentes du reste de sa carrière, utilisant plus volontiers des thèmes et techniques classiques (comme les paysages et la religion)
-          Le retable d’Issenheim est aujourd’hui exposé en permanence au musée, et il vrai qu’à la vue des œuvres du peintre allemand exposées, et après la visite guidée de l’exposition, on ressent particulièrement le lien entre cette œuvre et celle d’Otto Dix : formes et techniques utilisées dans certaines œuvres, puissance et violence des représentations, thèmes religieux.

Sont exposées des œuvres de différentes époques : dessins de guerre, portraits (dont celui de Beaubourg), œuvres burlesques et ridicules classées comme « art dégénéré » par les nazis, paysages déchirés. On trouve aussi dans la deuxième moitié des peintures à thème religieux, mélangeant classicisme et un symbolisme fataliste, moderne, étonnant : comme ce portrait de la madone sous les traits de son amante mariée ainsi que la représentation de Job en soldat (si vous ne connaissez pas l’histoire de Job, je vous conseille c’est assez parlant sur la religion), ou sa propre identification à Saint Christophe (qui plie sous le poids de Jésus, donc du monde…).

  • Ce n'est que mon avis

Venus en week-end en amoureux à Strasbourg, c’est par hasard que nous sommes tombés sur l’annonce de l’exposition sur Otto Dix, que mon cher et tendre et moi-même appréciions déjà pour ses dessins macabres sur la guerre et ses peintures de personnages caricaturaux et ridicules. J’en avais notamment vu lors d’une exposition sur le mouvement Dada, auquel il a participé.


(Danse des morts)

Il y a des œuvres de ce type au musée de Colmar, mais j’ai été aussi surprise par les aspects que je ne connaissais pas. Il a utilisé beaucoup de techniques différentes, de dessin, de peinture (cubisme, expressionisme… jusqu’à des styles copiés de maîtres anciens). Voir ces œuvres en vrai est impressionnant et donne une sensation forte de la violence et du désespoir qu’elles sont faites pour transmettre.

J’ai aussi été assez étonnée par le virement religieux de son œuvre : comment une vision de l’humanité aussi désespérée et noire peut-elle être le fruit d’un esprit croyant ? Les différents articles que j’ai parcourus lient plutôt philosophiquement le peintre à Nietzsche. Sa manière de moquer le monde et les hommes (l’œuvre divine !) ne parait pas très digne d’un bon chrétien. Alors, d’où vient cet attrait pour les sujets christiques et de saints vers la fin de sa carrière? Est-ce lié à l’époque, qui contrairement à aujourd’hui laissait peu de place à la laïcité ?  Est-ce la vieillesse et la peur de la mort qui ont poussé le peintre à croire en un au-delà ? Est-ce qu’il a voulu se refaire une respectabilité dans le monde de la peinture de l’époque en reprenant des thèmes classiques (en y injectant discrètement ses ressentis)? Est-ce que la grandeur du sacrifice et de la souffrance en tant qu´épreuve divine infligée aux hommes pour tester leur foi est seule capable de rassurer l’esprit face à la cruauté du souvenir de la guerre ?


(Saint Christophe)

Malheureusement peu de sources dans les quelques-unes que j’ai pu trouver sur internet ne répond à cette question (ni ne la pose !). Mais elle a tout de même été pour moi un des intérêts de cette visite, en plus des visions artistiques et historiques.

Par contre, et comme on trouve tout sur internet, je vais conclure cet articles avec une vidéo qui n’a pas grand-chose à voir mais qui m’a bien amusée, alors je vous la montre : un groupe de gothique russe a décidé de s’appeler Otto Dix ! Je ne sais pas si l’artiste apprécierait, mais c’est une curiosité !