samedi 14 janvier 2017

Manchester by the sea

  • Cinéma, de  Kenneth Lonergan, 2016, Américain



  • Pourquoi ça crame les oiseaux?

Un film fin sur le deuil et la difficulté de se reconstruire après un drame personnel.

  • L´histoire

J’ai vu Manchester by the sea sans rien connaître de l’histoire, et ça a été payant : plus que pour un autre film, il est bon d’être surpris, tant la découverte peu à peu de la vie du personnage, présente et passée, nous fait entrevoir les méandres de son esprit et apprécier le jeu d’acteur. Je m’en voudrais de gâcher votre plaisir, alors si vous aimez les beaux films d’auteur tristes et que vous n’avez pas vu celui-là, mon conseil serait de le voir et de revenir lire la critique ensuite… (Ou au moins, de zapper la partie « l’histoire » !)

Lee est gardien d’immeubles et vit une vie sans heurts et sans passions. Il est rappelé à Manchester où il avait vécu avec son ex-femme, lorsque son frère meurt, et apprend que ce dernier l’a désigné comme tuteur pour son fils de 16 ans. Retrouvant une ville qui a été le théâtre de sa vie passée, cet homme bourru et peu communiquant doit tâtonner pour créer une bonne relation avec un adolescent plein de projets et d’énergie, et lui permettre de continuer à vivre malgré leur deuil commun. Lee doit se faire violence pour aller au-delà des souvenirs de l’autre drame qui l’a frappé quelques années plus tôt dans cette même ville, et qui sont ravivés par l’environnement, les rencontres qu’il fait et ses nouvelles responsabilités.    


  • Ce n'est que mon avis

Les bonnes critiques qu’on trouve un peu partout sur ce film ne trompent pas : j’ai passé un moment hors du temps en voyant Manchester by the sea au cinéma, il est beau et émouvant, et ses images restent dans la tête plusieurs jours après son visionnage.

Il est déjà tout simplement très esthétique : Manchester-by-the-sea est une ville des États-Unis qui existe vraiment et qui n’est pas le genre d’endroit que l’on a l’habitude de voir dans les films américains. C’est un port aux belles maisons colorées, et comme l’histoire se déroule en grande partie en hiver, les visions de la ville enneigée, comme les couleurs du ciel aux différents moments de la journée, sont magnifique et apportent beaucoup á l’ambiance mélancolique générale.


Ensuite, il faut saluer la finesse du scénario et du jeu : les acteurs sont très justes, et malgré de nombreux flash-back qui pourraient rendre la compréhension difficile, on entre parfaitement dans l’histoire et on est touché par les émotions qui animent le personnage. Malgré sa longueur (2h20) on ne s’ennuie pas. Mention spéciale pour la rencontre entre Casey Affleck et Michelle Williams dans la rue avec la poussette, qui m’a arraché des larmes et crée un grand moment réaliste et intense avec presque rien. Un coup de génie !   

dimanche 8 janvier 2017

Miso soup

  • Roman, de  Murakami Ryû, 2003, Japonais



  • Pourquoi ça crame les oiseaux?

L’environnement dans lequel évoluent les personnages : quartiers « chauds » de Tokyo avec peep shows et prostitution. Folie et meurtres violents.

  • L´histoire

Kenji gagne modestement sa vie en faisant visiter aux touristes le quartier rouge de Tokyo : bars à hôtesses et lieux de prostitution, il leur facilite l’entrée aux différents lieux, et leur fait profiter de ses meilleurs contacts. Il a à côté de cela une vie plutôt normale, et une petite amie lycéenne qui ne se prostitue même pas. Un soir il accompagne Franck, américain suspect de qui il se méfie aussitôt : Franck est bizarre, on dirait qu’il ment, il a une peau très blanche et froide, un visage qui fait peur, il ne parait pas ressentir spécialement d’émotions. Ses rires semblent feints et son attitude est souvent déplacée.
Kenji doit l’accompagner trois soirées durant, jusqu’à la nuit du nouvel an, mais il a peur. L’atmosphère est très tendue, il soupçonne l’implication de Franck dans des meurtres dont il entend parler aux infos, et le matin du deuxième jour il trouve accroché à sa porte d’entrée ce qui ressemble à un morceau de chair humaine…

Attention spoil : et là, tadam, en fait Franck est bien un tueur, du coup il tue des gens avec férocité, mais comme il aime bien Kenji et lui raconte qu’il tue parce que la société est vraiment trop contradictoire, du coup Kenji se prend d’un peu de sympathie pour lui et l’accompagne écouter les cloches du nouvel an, qui selon le légende doivent laver celui qui les écoute de ses mauvais penchants.

  • Ce n'est que mon avis

J’avais dans ma jeunesse lu « les bébés de la consigne automatique », et j’en garde un très bon souvenir : je pensais donc que Murakami Ryû était un auteur trash de qualité, avec des choses intéressantes à dire. Alors comme vous l’avez sûrement deviné, j’ai été déçue par la lecture de Miso Soup (j’ai quand même terminé le roman histoire de savoir comment il finit, ce qui n’a pas servi à grand-chose). Le plus problématique pour moi est le style d’écriture : c’est très léger, on dirait une écriture d’adolescent : jugements hâtifs, propos gratuits sur la société « dégénérée » avec les quartiers de sexe, les filles qui y travaillent et leurs clients, sans analyse, sans fond, et sans recherche. Mais peut-être les adolescents (ou jeunes adultes) sont-ils le public visé? Ensuite, il y a l´histoire : sans originalité, on rencontre un personnage qui est bizarre, et c’est un psychopathe. Pas de rebondissement spécifique, et de la violence. Peu voire pas de sexe.

J’ai tout de même trouvé quelques éléments intéressants : le livre se lit facilement et la simplicité même de l’écriture permet de profiter de l’ambiance menaçante sans se prendre la tête. Et le discours du « méchant », avec l’image de l’enfant qui se perd, apporte une touche de noirceur poétique qui rattrape un peu le côté moralisateur plutôt agaçant de l’ensemble.