dimanche 10 septembre 2017

Les proies v/s The young lady


  • Cinéma, de Sofia Coppola/William Oldroy, 2017, Américain/Britannique




  • Pourquoi ça crame les oiseaux?

Ne laissez pas les femmes seules dans de grandes maisons à la campagne, surtout à des époques où il n'y a pas encore Internet, après elles font n'importe quoi et ça finit mal.

  • Pourquoi un Versus ?

Fin août est sorti le dernier film de Sofia Coppola : Les Proies.
Cette bande de nanas bien corsetées dans leurs robes d'époque, qui semblent seules au monde et cachent leurs émotions sous le vernis bien-pensant de leur éducation religieuse, ça laisse une petite impression de déjà-vu. Et même d'un film récent... The Young Lady, premier film de William Oldroyd sorti en avril dernier, a le même gout de classique en costume méchamment détourné, d'esprit féminin vengeur, de huit-clos psychologiquement tendu, de photographie léchée et de mâles mis à mal. Alors, grosses stars US ou newcomers britanniques?





  • Les histoires

Dans Les proies, pendant la guerre de Sécession, un pensionnat pour jeunes filles du Sud reste ouvert, dans lequel ne vivent plus qu'une poignée de femmes, enfant et adolescentes. Un soldat est retrouvé blessé dans une forêt non-loin de là : même s'il est du camp adverse, il est chrétien de lui porter secours. Alors qu'elles le soignent sagement, désirs et convoitises se développent. Un homme, six femmes, beaucoup de possibilités.

Dans The Young Lady, situé en Angleterre au XIXème siècle, il n'y a qu'une femme : Katherine, mariée à un vieux Lord plutôt méchant. Laissée seule une longue période par son mari, elle tombe amoureuse d'un des jeunes travailleurs de la demeure, et trouve la détermination nécessaire à la recherche de sa liberté, quelqu'en soit le prix.


  • Ce n'est que mon avis

Dans un film comme dans l'autre, la mise en scène est puissamment esthétique. On y admire les reflets de la lumière naturelle sur la peau lisse des femmes, et dans leurs épais jupons. La nature aux alentours est vaste et mystérieuse, pleine de promesses, et les grandes demeures sont sobres et imposantes.

 


Et partout, on se méfie de l'eau qui dort : la sérénité affichée des décors et des personnages, leur constante élégance, ainsi que la chasteté religieuse qui a cours à cette époque cachent des désirs et des pulsions intérieures sauvages. Dans les têtes, la frustration crée des manigances et des manipulations, plus ou moins conscientes, qui vont avoir pour cible les personnages hommes… Ces derniers se trouvent bien peu avisés de se croire protégés et libres de jouir de leur place de sexe fort dominateur. Voilà qui est plutôt jouissif pour nous mesdames !

Cependant, Les Proies joue plus sur la retenue. La pureté des jeunes filles en robe blanche, poussée jusqu'à la caricature, rappelle les sœurs de Virgin Suicide. Leurs actes ne sont pas immoraux : le soldat dont elles s'occupent est toujours bien traité, et on sent de la sincérité dans leurs rapports, jusqu'à ce que la situation se dégrade, apparemment plus par malchance que par calcul. Cette subtilité fait que l'on ne sait jamais où se trouve la limite entre décisions rationnelles, accidents malencontreux, méchanceté inconsciente et vengeance froide.


C'est ce flou qui fait l'intérêt de ce film face à The Young Lady : dans ce dernier, l'héroïne est dès le début du film prête à agir pour accéder à ce qu'elle désir. Cette brune ténébreuse, contrairement aux blondes de Mme Coppola, ne s'embête pas avec la compassion et étonne par sa fougue et son intelligence morbide. La mise en scène est aussi plus poussée : décor carrément minimaliste, absence de musique, le tout est plutôt glacial. 

Par contre, dans les deux cas j'ai eu un peu l'impression d'être trompée par la com' et les critiques : ce sont des films sombres certes, mais les classer dans "Thriller/horreur", c'est un peu trop. Ils ne sont pas à montrer à des enfants, mais on a pas spécialement peur. On est pas subjugué par le suspense, et c'est plutôt une tension qui se crée lentement et se termine par une violence que l'on ne voit pas directement, même si dans The Young Lady elle est clairement plus présente.




  • Conclusion

Malgré toute l'admiration que nous portons à Sofia Coppola et le talent de ses actrices, et même si nous avons trouvé beaucoup de points communs aux deux films, mon mec et moi avons clairement préféré The Young Lady : plus dark, il va plus loin, et apporte plus de surprises et de rebondissements : une découverte intéressante.



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