- Cinéma, de Julia Ducournau, 2017, Franco-Belge
- Pourquoi ça crame les oiseaux?
Film d’apprentissage sur deux sœurs étudiantes
qui deviennent cannibales.
- L’histoire
Justine commence sa
première année d’études pour devenir vétérinaire, dans la même école que sa sœur
aînée. Végétarienne, elle est soumise au bizutage et forcée à manger de la
viande. S’ensuit une réaction allergique étrange, puis des envies encore plus
étranges : le besoin de manger de la viande se fait de plus en plus
présent, viscéral. Viande cuite, crue, viande d’animal ou… d’être humain.
Elle partage ses
tourments avec sa grande sœur, qui a une façon bien à elle de gérer la
situation.
- Ce n'est que mon avis
Nous avons en premier lieu découvert la bande
annonce du film qui envoie clairement du boyau frais et donne envie de rester
45 min dehors dans le froid polaire de la capitale pour assister à l’avant-première.
Les films de « genre » français (ou franco-belge), ça ne court pas
les rues et surtout sur un thème originalement traité. Les images sont belles,
la lumière bien maîtrisée, la musiques colle parfaitement à l’ambiance et les
acteurs… 19 ans pour Miss Marillier! Autant dire que l’on va entendre parler d’elle.
La réalisatrice Julia Ducournau a réussi à
créer de véritables ambiances visuelles en sculptant les corps (les fesses,
principalement…) comme s’ils ne demandaient qu’à nous dévoiler leurs différentes
strates. De nombreuses scènes de soirées avec musique lancinante et jeunes
alcoolisés débridés participent à créer un univers oppressant, dans lequel la
transformation lente de la personnage principale, plus que cause de peur pour
le spectateur, est plutôt le moyen de nous faire entrer dans une danse sauvage
et poétique, où se confrontent la nouvelle animalité et la lutte psychologique
et sociale de la jeune fille. On est donc plutôt du côté d’un film d’auteur
certes parfois sanglant mais plutôt contemplatif, jouant sur des ambiances
fortes, que dans un film d’horreur avec suspense et action, même s’il reste plus
accessible que le « Trouble everyday » de Claire Denis qui était
sorti sur le même thème en 2001 et qui lui était vraiment lent et parfois
difficile à supporter.
Le film joue de façon ingénieuse sur le lien
entre les 2 sœurs, entre amour et haine, mais définitivement rien ne peut les séparer.
On peut remarquer aussi comment le scénario nous met en empathie avec Justine
dès le départ en la confrontant à l’univers humiliant et déshumanisant des
premiers temps d’une école vétérinaire.
Mais le défilement acharné des scènes laisse malheureusement
un gout d’inachevé. En effet, l’entre-deux scènes n’est pas explicité. On en
prend plein la vue mais la cohérence n’est pas évidente ce qui perd le
spectateur et laisse une trace d’amateurisme. Une autre déception
aussi est la fin mais je vous laisse vous faire votre avis ! Pour
conclure, Grave séduit par son originalité, son aspect esthétique, son ambiance,
la qualité des acteurs mais le rythme fait perdre un peu de sens à cette œuvre.
On peut le voir comme un Cannibal Holocaust vu par Jeunet et écrit par Bret
Easton Ellis.
PS : Nous avons été interviewés à l’avant-première…
On verra peut-être bientôt nos bouilles sur le site officiel ! http://www.grave-lefilm.com/
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